Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les aventures de Minouche
24 janvier 2016

Maison 23/366

IMG_6951

J'écris le soir à moitié endormie ou la journée sur un bout de table, j'écris en voiture ou dans la cuisine, j'essaie de ne pas écouter les "maman, maman" autour de moi, j'écris quand j'en ai envie.

Cela me prend du temps d'aller chercher les enfants à l'école: d'abord Lily, à 15h30, mais qui met presque un quart d'heure à sortir, puis Ben, déjà presque en retard, qui souvent est déjà à la garderie et veut attendre le goûter: le fruit, la tartine. Quand je quitte l'école, il est souvent déjà presque 4 heures. Je peux prendre le chemin le plus simple, à droite, à gauche, à droite et tout droit. Ou alors, tourner tout de suite à droite dans l'avenue Hamoir, qui est celle où se trouve le nouveau bâtiment des secondaires. 

Je passe toujours par là, c'est une rue que j'aime, toute calme et jolie avec des arbres. Il y a longtemps, presque dans une autre vie, mais en fait il y a juste 2 ans, j'ai failli louer une maison dans cette rue. J'avais vu une annonce, avec quelques photos, que j'avais adorées. Elle se trouvait sur un terrain de fond, je pense au numéro 8A. Je n'ai jamais su si elle était vraiment là, mais quand je passe devant le 8A, je pense, c'était là. Elle était trop petite pour nous, quatre chambres, je n'ai donc même pas été la voir, mais j'en avais parlé aux enfants et ma fille avait dit, "oh, je pourrais rentrer à la maison à midi". Je repense souvent à cette phrase, à elle qui la prononce et moi qui ressent une espèce de soulagement, qui me dit que oui, tout va bien, elle retournera dans son école, elle y pense déjà, elle veut même rentrer à midi.

Quelques semaines plus tard j'avais fini par trouver une autre maison, dans une rue bien moins jolie, mais la maison était belle et grande, lumineuse, accueillante, nous l'avons louée et oublié l'avenue Hamoir.

Ma fille, pour finir, n'est pas retournée dans son école. L'année qui a suivi a été difficile pour elle, écrasante d'angoisse pour moi qui vivait son mal être avec elle, mais après elle, en croyant la comprendre par moments mais toujours avec un peu de retard, en me demandant quoi faire pour elle, en culpabilisant aussi d'être aussi mal moi-même, moi dont la souffrance n'était que le reflet de la sienne. Les mois ont passé, et puis les années, nous allons tous mieux, mais ces deux années, celles qui auraient pu être les années de l'avenue Hamoir mais qui ne l'ont pas été, sont difficiles à oublier. Pour moi. 

Je passe devant le 8A, tous les jours de la semaine. Je pense parfois, si j'avais loué cette maison, peut-être tout ce qui a suivi nous aurait été épargné. Ma fille serait rentrée tous les midis, elle serait restée dans son école, tout se serait bien passé.

Nous choisissons un de deux chemins possibles, et nous ne pouvons jamais revenir en arrière pour savoir ce qui aurait été si nous avions choisi l'autre chemin.

Je m'obstine à passer devant ce 8A, à me demander, est-ce possible?, j'aurais pu changer le cours des choses en choisissant cette maison? Je ne le pense pas vraiment, mais c'est au fond une idée séduisante que de croire qu'en changeant rien qu'une petite chose, tout pourrait être différent par la suite. Meilleur.

Publicité
Publicité
Commentaires
Les aventures de Minouche
Publicité
Archives
Publicité