Banalité du mal

Peut-être parmi mes petits lecteurs adorés, quelqu'un a lu Les origines du totalitarisme? Moi, je ne l'ai jamais lu. Mais quand j'étais bien jeune, que je lisais plus que je ne réfléchissais, j'ai eu entre les mains Eichmann à Jerusalem. J'avoue, je ne savais pas ce que c'était. Je savais qu'elle avait écrit sur le procès, qu'elle en avait fait une chronique, comme d'autres, et j'ai commencé le livre en croyant lire tout simplement cela: une chronique du procès. Je savais peu d'elle et encore moins d'Heidegger, et j'ai été surprise, étonnée, peut-être même choquée à la lecture de certains passages. Puis je l'ai mis de côté et n'y ai plus pensé pendant des années. Par hasard il y a quelques temps j'ai acheté un livre qui reprend quelques textes d'elle, antérieurs au procès, et aussi quelques correspondances des années 60 qui, elles, ont trait aux réactions qui ont suivi la publication de son livre.

Ce soir j'ai été voir le film, "Hannah Arendt". J'aime ces films dont on sort un peu sans savoir quoi penser, qui nous poursuivent pendant quelques jours. Je ne sais pas quoi penser. Du film d'abord: un peu long, qui s'attarde un peu trop sur des parties inintéressantes du personnage, à mon sens, comme la relation avec son mari. Du personnage: froid, mais pas seulement. Imbue d'elle-même, mais pas seulement. Et puis bien sûr cette grande philosophe qu'elle a été. Peut-être ce film a ceci d'intéressant: de décrire un personnage sans trop l'aimer. De décrire une femme, une personne, qui comme nous tous est à la fois une chose, et puis l'autre. Ni noire ni blanche, mais en nuances, comme nous tous.

Reste le fait que je ne sais pas quoi en penser.

Si vous l'avez vu, auriez-vous envie de me dire ce que vous en avez pensé?