Fleur 11/366

Quand tout le monde est enfin couché;

quand j'ai lu un Pom d'Api entier à Ben (y compris "les petits philosophes" avec la question: peut-on vivre seul?, à laquelle il a répondu NON! - attention, il a raison, mais je lui ai demandé si de temps en temps il n'a pas envie d'être seul, et là aussi il a dit NON, c'est étrange, ça m'a un peu destabilisée);

quand j'ai ensuite lu aussi la partie "pourquoi on a des couleurs de peau différentes?", et là aussi il m'a un peu étonné parce que je pense qu'il n'y avait jamais pensé, il n'avait jamais remarqué les différentes couleurs de peau;

quand j'ai cru qu'il dormait et je suis montée coucher Lily, et j'ai dû encore rester un peu et puis rester de nouveau pour me faire pardonner le fait d'avoir eu l'air énervé et d'avoir voulu partir tout de suite;

quand le chat a vomi dans la chambre de Lily et que j'ai nettoyé en vitesse pour qu'elle ne soit pas dégoûtée en lui disant "ne regarde pas!! ne regarde paaaaaas!";

quand ensuite Lily est descendue parce qu'elle avait fini son livre et qu'elle voulait la suite, le volume 6 d'une histoire canadienne d'une certaine Léa de Montréal, que j'avais vu passer il y a quelques jours quand on cherchait le volume 5, mais qui ce soir avait disparu;

quand enfin j'ai trouvé le volume 6 et que je le lui ai apporté mais qu'entre temps elle s'était endormie;

quand j'ai vu que Ben ne dormait toujours pas et que je me suis un peu énervée;

quand j'ai fait tout ça, il est 22h45, une heure absurde qui est trop tôt pour dormir et trop tard pour commencer quelque chose, une heure à laquelle je me dis, tous les soirs, maintenant je fais quelque chose pour moi, à moi;

et puis je ne fais rien, je descends je sors dans le jardin je fume une dernière cigarette je me mets à lire - je continue ce Elena Ferrante que je ne sais toujours pas si j'aime ou si je le lis par loyauté envers ma soeur qui fait son mémoire sur elle (lui?), et je pense que décidément, cet hiver est bien long, et ça vient juste de commencer.

Vivement le printemps, les petits, moi en hiver je me fane comme une pauvre fleur.

Allez, à demain. Bisous!